Malgré l'engagement pris en 2003 par l'UDF de me donner l'investiture en 2007, les responsables départementaux de notre parti ont souhaité m'éliminer selon le souhait du maire d'Albi et pour ce faire, ont employé des arguments fallacieux, d'âge, de non appartenance à une minorité visible. Argument fallacieux, certes, mais extrêmement choquant sur le fond.
J'ai donc écrit à François Bayrou pour le tenir au courant de la situation et du peu de respect que ses lieutenants locaux accordent à une parole donnée en son nom... je suis dans l'attente d'une réponse.
J'ai de même fait un courrier aux dits lieutenants dont voici la teneur :
"Par deux fois, nous avons évoqué l’investiture pour la 2ème circonscription du Tarn et les deus fois je t’ai dis être extrêmement choquée par ton positionnement et tes propos... Par dérision, à Albi le 13 mars, j’avais évoqué passeport turc de mon grand-père et de ma carte de GIC !!!
Opter pour un rajeunissement de la classe politique, pourquoi pas, s’il y compétence et expérience s’entend... (Bien que ce soit faire fi de l’article 225-1 du code pénal qui punit toutes les discriminations y compris celle liées à l’âge, je ne te l’apprendrais pas...)
François Bayrou lui-même a bien précisé que sur ces critères de qualité et de compétence, il comptait bien garder son entourage de sexagénaires...
Mais, le fait que les deux fois, tu ais ajouté que l’argument de l’âge tombait pour les personnes appartenant à des « minorités visibles », c'est-à-dire personnes de couleur, musulmanes ou handicapées (peu importe alors leur âge du moment qu’on peut les afficher), m’a choquée au plus haut point, tu le sais, je te l’ai dit à chaque fois.
Je trouve que cela est dévaluant pour les intéressés qui doivent être reconnus pour leurs propres compétences et non pour leur couleur ou leur aspect physique.
C’est un problème auquel je suis extrêmement sensible en tant qu’ancien maire d’une commune qui compte 25% de population d’origine étrangère, essentiellement magrébine mais aussi issue de Mayotte et des Comores. Ces populations qui (avec les handicapés) constituent les « minorités visibles » ont bien souvent le mérite, avec des moyens modestes sur tous les plans, d’avoir des enfants studieux, car certains de ces parents qui ont été privés de scolarité respectent et font respecter l’école et les maitres. Ces enfants studieux deviennent bien souvent des étudiants brillants puis des professionnels de haut niveau.
Ce sont cette qualification, ces compétences qui doivent être honorées et leur ouvrir les droits qu’ils méritent, et non la consonance d’un patronyme ou une couleur de peau. « visible » J’ai personnellement créé à Graulhet une association « d’Aide aux Citoyens » dont le Président est marocain. Mais par contre, prendre Mohamed ou Leila sur une queue de liste, en position non éligible ou pour une circonscription perdue d’avance, pour moi, c’est de la manipulation malhonnête et malsaine.
En effet, cette position est dégradante pour ceux qui «désignent » comme pour ceux qui sont « choisis » parce que ce choix s’opère par effet de mode et surtout par intérêt, car par ce biais on se donne une image d’ouverture alors qu’en fait le but est uniquement de récupérer les voix des communautés concernées.
Ce « néocolonialisme moral » que constitue la « chasse aux minorités visibles » est extrêmement choquant : avec bonne conscience on manipule psychologiquement des humains, comme on manipulait physiquement leurs ancêtres au 18ème et 19ème siècle. A l’’appât du gain on a simplement ajouté l’appât de la réussite politique.
Quand à la dernière des « minorités visibles », celle des handicapés, j’y suis aussi très attachée. Je suis moi-même « grand invalide civile » suite à un très grave accident intervenu dans le cadre de mon exercice professionnel de médecin, au retour d’une intervention à domicile.
Le problème des handicaps mentaux est extrêmement douloureux pour les familles, mais aussi et surtout pour les handicapés eux-mêmes, souvent conscients de leur état.
Par contre il existe aussi de très nombreux handicaps physiques graves mais non apparents qui de ce fait n’intéressent absolument pas les « états-majors ». Un fauteuil roulant, par contre ça participe à la médiatisation d’une image forte... ça intéresse les politiques, c’est une « minorité visible » intéressante électoralement.
L’utilisation de drames humains, qu’ils soient liée à la santé, la misère ou l’immigration, à des fins politiques me révolte.
Tout ce marketing, cette « poeplisation » ne correspondent pas à la vision que j’ai de l’Humanité, de l’humanisme et de la politique où le maître mot devrait être « servir » et non « utiliser ».
Dans ces conditions et malgré l’engagement qu’avait pris l’UDF en 2003 de me donner l'investiture pour la 2ème circonscription aux prochaines législatives et dont vous saviez tous les deux combien elle me tenait à cœur, je te confirme donc par écrit que j’ai le regret, pour tous ces motifs, de renoncer à cette candidature car je ne me reconnais pas dans cette vision de la politique.
Je sais que le maire d’Albi de son côté fait le forcing pour que Melle Laurence Pujol obtienne cette investiture, je déplore ce choix éventuel du fait de l’inexpérience de la personne devenue conseillère municipale d’Albi suite à une démission... mais il faut bien en sacrifier une !!! Cette carence est d’autant plus regrettable qu’à ma connaissance, Jean Thomas de Gaillac, le suppléant présomptif, n’a lui non plus aucune expérience politique locale.
Je ne sais si je serais libre pour l’inauguration de la permanence de la 2ème circonscription au 69 avenue du Général de Gaulle à Albi, mais j’ai demandé à Henri de me tenir au courant. Dans la mesure du possible je serais présente, bien que je réprouve ce choix albigeois qui ne pourra que froisser tout le secteur rural de la circonscription.
En effet, la 1ère et la 2ème circonscription du Tarn auront pour candidats des Albigeois « apparentés », conseillers municipaux d’Albi, placés à la demande du maire d’Albi et dont les permanences seront albigeoises
J’ignore ce que seront les réactions sur la 1ère où l’investiture de Frédéric Esquevin est me semble-t-il légitime ; mais je ne me fais malheureusement aucune illusion sur la 2ème quant à l’effet de ce nouvel holdup albigeois ! "
Je tiens à préciser que malgré cet incident regrettable, je reste fier d'appartenir à l'UDF - Le parti libre ! C’est au nom de cette liberté que je me suis exprimée.
J’éprouve la même fierté à soutenir François Bayrou, homme intègre dont le relationnel avec toutes les constituantes de notre pays se base sur l’esprit des valeurs humanistes et non sur l’intérêt électoraliste.
Nul n’est prophète en son pays dicton, cela peut aussi s’appliquer à un parti, et si l’homme est sans doute localement mal entouré, il n’en reste pas moins à mes yeux un grand honnête Homme !